Premiers Photons !…
Cette semaine, le processus d’alignement de trois mois du télescope a commencé – et au cours de la dernière journée, les membres de l’équipe du JWST ont vu les premiers photons d’une lumière stellaire voyager à travers le télescope entier avant d’être détectés par la caméra proche infrarouge (NIRCam). Ce jalon marque la première des nombreuses étapes de la capture d’images qui sont d’abord floues et utilisées pour faire un réglage fin de l’optique du télescope. C’est le tout début du processus, mais jusqu’à présent, les résultats initiaux correspondent parfaitement aux attentes et aux simulations.
“C’était une journée spéciale, une journée mémorable pour l’équipe Webb. Nous avons beaucoup parlé de JWST ouvrant une nouvelle ère en astronomie, mais aujourd’hui cela s’est finalement produit ! La lumière qui a quitté un amas d’étoiles il y a plus de 1500 siècles a été recueillie par les miroirs primaires de Webb, passée à travers le train optique et détectée par les détecteurs de NIRCam. Cette première image lumineuse a ensuite été transmise à la Terre, traitée par le système de gestion des données et analysée par l’équipe Wavefront Sensing & Control, l’équipe NIRCam et d’autres. La voie à suivre pour optimiser le télescope et les instruments est bien planifiée et entre les mains d’experts. Bien que la compréhension des premières images « floues » exigera les talents de nombreuses personnes dans toutes les disciplines de la TMO, une chose est parfaitement claire – l’univers va être connu sous un jour nouveau.
Il y a eu aujourd’hui un autre fait spécial. On ne pouvait s’empêcher de remarquer tous les sourires derrière les masques. Ils étaient aussi clairs que le jour, comme si les masques étaient invisibles. Tout ce qui était nécessaire pour partager l’excitation et la joie de ce qui se passait était d’attraper le scintillement correspondant dans les yeux de quelqu’un.
Félicitations à toute l’équipe des opérations de la mission. Continuez votre excellent travail et continuez à sourire.”
Kenneth Sembach (Directeur de l’Institut Scientifique du Télescope Spatial)
Une équipe d’ingénieurs et de scientifiques de Ball Aerospace, du Space Telescope Science Institute et du Goddard Space Flight Center de la NASA utilisera désormais les données recueillies avec NIRCam pour aligner progressivement le télescope. L’équipe a développé et démontré la validité des algorithmes à l’aide d’un banc d’essai du télescope à l’échelle 1/6. Ils ont simulé et répété le processus à de nombreuses reprises et sont maintenant prêts à le faire avec le « vrai » télescope. Le processus se déroulera en sept phases au cours des trois prochains mois, pour aboutir à la mise en service d’un télescope entièrement aligné. Les images prises durant cette période ne seront pas « jolies » et pour l’instant ne servent strictement qu’à préparer le télescope pour la science.
Scott Acton, scientifique leader des activités de détection de front d’onde pour le JWST, Ball Aerospace; Chanda Walker, scientifique associée à cette activité, Ball Aerospace; et Lee Feinberg, responsable de l’OTE (Optique du Télescope, “Optical Telescope Element“, Centre Goddard des Vols Spatiaux de la NASA, ” Goddard Space Flight Center “, ont passé passent en revue les étapes fondamentales :
“Le déploiement des segments de miroir étant maintenant terminé, et les instruments allumés, nous avons commencé les nombreuses étapes nécessaires pour préparer et étalonner le télescope afin de faire son travail. Le processus de mise en service du télescope prendra beaucoup plus de temps que les télescopes spatiaux précédents, car le miroir primaire de Webb se compose de 18 segments de miroir individuels qui doivent fonctionner ensemble comme une seule surface optique de haute précision.”
Les étapes du processus de mise en service comprennent :
- Identification de l’image du segment
Premièrement, nous devions aligner le télescope par rapport au vaisseau spatial. L’engin spatial est capable de faire des mouvements de pointage extrêmement précis à l’aide de « traceurs d’étoiles ». Pensez aux traceurs d’étoiles comme un GPS pour les engins spatiaux. Dans un premier temps, la position du vaisseau spatial à partir des traqueurs d’étoiles ne correspond pas à la position de chacun des segments de miroir.
Nous avons pointé le télescope vers une étoile brillante et isolée (HD 84406) pour capturer une série d’images qui furent ensuite assemblées pour former une image de cette partie du ciel. Mais rappelez-vous, nous n’avons pas seulement un miroir qui regarde cette étoile; nous avons 18 miroirs, dont chacun est initialement incliné vers une partie différente du ciel. En conséquence, nous avons capturé 18 copies légèrement décalées de l’étoile – chacune étant floue et distordue de façon unique. Nous appelons ces premières copies stellaires « images segmentées ». En fait, selon les positions de départ des miroirs, il fallut plusieurs itérations pour localiser les 18 segments dans une image. Un par un, nous avons déplacé les 18 segments miroirs pour déterminer quel segment créaient quelle image de segment. Après avoir apparié les segments de miroir à leurs images respectives, nous avons pu incliner les miroirs pour amener toutes les images près d’un point commun pour une analyse plus approfondie. Nous appelons cet arrangement un « tableau d’images ».
Exemple simulé d’un déploiement initial possible montrant les images provenant des 18 segments
2. Alignement des segments
Une fois que nous avions la matrice d’images, nous pouvions effectuer un alignement des segment, qui corrige la plupart des erreurs de positionnement importantes des segments miroirs.
Nous avons commençé par déconcentrer les images du segment en déplaçant légèrement le miroir secondaire. L’analyse mathématique, appelée Récupération de Phase (Phase Retrieval), a été appliquée aux images floues pour déterminer les erreurs de positionnement précises des segments. Les ajustements des segments ont donné alors lieu à 18 « télescopes » bien corrigés. Cependant, les segments ne fonctionnent toujours pas ensemble comme un seul miroir.
Gauche: tableau initial simulé d’images ; Droite: tableau simulé des 18 segments corrigés
3. Empilage d’images
Pour mettre toute la lumière en un seul endroit, chaque image de segment devait alors être empilée les unes sur les autres. Lors de l’étape d’empilage d’images, nous avons déplaçé les images de chaque segment de manière à ce qu’elles tombent précisément au centre du champ pour produire une image unifiée. Ce processus a préparé le télescope à la phase grossière.
L’empilage a été réalisé séquentiellement en trois groupes (segments A, segments B et segments C).
Simulation d’empilage d’images. Premier panneau : mosaïque d’images initiale. Deuxième panneau : segments A empilés. Troisième panneau : segments A et B empilés. Quatrième panneau : segments A, B et C empilés.
4. Phases grossières
Bien que l’empilage d’images place toute la lumière au même endroit sur le détecteur, les segments agissent toujours comme 18 petits télescopes plutôt qu’un grand. Les segments doivent être alignés les uns avec les autres avec une précision inférieure à la longueur d’onde de la lumière.
Réalisé trois fois au cours du processus de mise en service, un algorithme a mesuré et corrigé le déplacement vertical (différence de piston) des segments miroirs. À l’aide d’une technologie appelée “Détection de la Dispersion des Franges” (Dispersed Fringe Sensing), nous avons utilisé NIRCam pour capturer des spectres de lumière à partir de 20 paires distinctes de segments de miroir. Le spectre ressemble à un bâton de sucre d’orge ( une “enseigne de barbier” dans les pays anglo-saxons) avec une pente (ou un angle) déterminée par la différence de piston les deux segments utilisés pour l’appariement.
Dans cette simulation, les modèles “sucre d’orge” sont créés par le capteur de franges dispersées indiquant une erreur de piston importante (en haut) ou une erreur de piston petite (en bas).
5. Mise en phase
La synchronisation fine des phases sera également effectué trois fois, directement après chaque cycle de mise en phase grossière, puis régulièrement tout au long de la durée de vie du JWST. Ces opérations mesurent et corrigent les erreurs d’alignement restantes en utilisant la même méthode de défocalisation appliquée pendant l’alignement du segment. Cependant, au lieu d’utiliser le miroir secondaire, nous utiliserons des éléments optiques spéciaux à l’intérieur de l’instrument scientifique qui introduisent des quantités variables de défocalisation pour chaque image (-8, -4, +4 et +8 ).
6. Alignement du télescope sur les champs d’exploration des instruments
Après le phasage fin, le télescope sera bien aligné à un endroit dans le champ de vision de NIRCam. Nous devrons alors étendre l’alignement au reste des instruments. Au cours de cette phase du processus de mise en service, nous effectuons des mesures à plusieurs endroits, sur chacun des instruments scientifiques, comme indiqué ci-dessous. Une plus grande variation de l’intensité indique des erreurs plus importantes en ce point de champ. Un algorithme calculera les corrections finales nécessaires pour obtenir un télescope bien aligné sur tous les instruments scientifiques.
Analyse simulée de la correction du champ d’exploration
7. Alignement itératif pour la correction finale
Après avoir appliqué la correction du champ d’exploration, il restera à éliminer les petites erreurs de positionnement résiduelles dans les segments de miroir primaires. Nous mesurerons et apporterons des corrections à l’aide du processus fin de mise en phase. Nous effectuerons une vérification finale de la qualité de l’image sur chacun des instruments scientifiques ; une fois cette vérification effectuée, le processus de détection et de contrôle du front d’onde sera terminé.
À mesure que nous franchirons les sept étapes, nous constaterons peut-être que nous devons également répéter les étapes précédentes. Le processus est flexible et modulaire pour permettre l’itération. Après environ trois mois d’alignement du télescope, nous serons prêts à mettre en service les instruments.
(Scott Acton, scientifique leader des activités de détection de front d’onde pour le JWST, Ball Aerospace; Chanda Walker, scientifique associée à cette activité, Ball Aerospace; et Lee Feinberg, responsable de l’OTE (Optique du Télescope, « Optical Telescope Element, Centre Goddard des Vols Spatiaux de la NASA, « Goddard Space Flight Center »)
Je comprend les sourires des yeux derrière les masques….. et je comprends aussi que, déjà, ….nous ne manquerons pas d’émotions pendant les 3 mois à venir
Pour le moment,j’ai bien saisi les étapes 1, 2, 3 ; mais je dois encore “dégrossir” les phases “grossières”, voir d’un peu plus près ….ce qu’est la DFS : ce sucre d’orge me fait bien saliver……7 étapes, c’est moins qu’un Tour de France, mais c’est beaucoup plus long……Bien sûr, nous serons là pour applaudir au passage de chaque col…..
Bref, Webb reste toujours aussi passionnant……et merci de continuer à nous tenir au courant.
Bonsoir Françoise,
La Détection de la Dispersion des Franges (DSF , “Dispersed Fringes Sensing”) est une technique de mesure et de phasage des miroirs télescopiques segmentés qui utilise une image lumineuse à large bande dispersée. C’est une méthode capable de briser l’ambiguïté de lumière monochromatique, mesurant les erreurs absolues des pistons entre les segments de grands miroirs primaires segmentés à des dizaines de nanomètres de précision sur une plage de 100 micromètres ou plus. Voir l’article (en anglais)
https://m.researching.cn/EN/Article/OJ22de432b9eb70c2d
Mais vous trouverez beaucoup d’autres articles qui traitent de la question sur la toile…
Bonne soirée,
Patrice
Bonjour. Pour reprendre la métaphore de Françoise les instruments de Webb ont aussi une grande descente de col à négocier … vers les températures basses 🙂
À ce sujet, il est un peu étonnant de constater que Miri, qui a besoin de la température la plus basse au point de nécessiter un refroidissement actif, est actuellement en queue de peloton. Est-ce le positionnement de Miri qui est en cause ? Y avait-il d’autres impératifs techniques qui font que Miri n’est pas situé à l’emplacement le plus “naturellement” froid ?
Merci de vos réponses toujours très éclairantes.
Bonjour Monsieur Marchand (Yann),
Oui, cela peut sembler paradoxal, mais c’est exactement parce que MIRI requiert de la température la plus froide qu’il se refroidit actuellement beaucoup moins vite que les autres instruments.Sa poition à l’intérieur de l’ISIM n’a rien à voir.
MIRI se refroidit lentement parce que, grâce aux entretoises en fibre de carbone fournies par le Consortium Européen, sa structure est isolée thermiquement de l’ISIM (fait de matériaux à faible conductivité thermique et couvertures MLI à faible émissivité), afin de s’assurer qu’elle peut finalement atteindre des températures beaucoup plus froides (MIRI ~6K, ISIM ~40K). Le MLI est un isolant multi-couches – c’est un matériau brillant à base d’aluminium qui est enroulé autour de l’extérieur de nombreux instruments cryogéniques, qui reflète le rayonnement thermique.
L’isolation thermique signifie que MIRI se refroidit plus lentement jusqu’à ce que son système de refroidissement spécial soit complètement allumé. Celui-ci n’est pas utilisé pour fournir un refroidissement actif jusqu’à ~ L+77. Il y a plusieurs conditions préalables à remplir avant de pouvoir l’activer.
En fait, il n’y a pas de radiateurs utilisés sur MIRI pour le garder à une température plus ou moins “tiède”. Il refroidit simplement passivement pour l’instant, conduisant lentement et rayonnant la chaleur sur les pièces environnantes. Il y a des petits appareils de chauffage sur les détecteurs et le POM (Pick-Off Mirror), pour les garder légèrement plus chauds que la structure globale de MIRI, afin de réduire la probabilité de formation de glace sur ces surfaces. Mais ceux-ci ne sont pas assez puissants pour garder l’ensemble de MIRI à l’abri d’une possible condensation de glace.
le dernier échange YM/root est vraiment intéressant dans la précision des matériaux utilisés en tant qu’isolants thermique, en particulier le MLI. (mais des multicouches en quoi ? aluminium seul ? ou bien…..).
Très intéressant aussi, même pour moi, la béotienne, de pouvoir suivre l’évolution des températures aux différents points du schéma représentant Webb..
Je n’avais pas pensé à l’éventualité de formation de glace sur les surfaces, ……. le vide qui entoure le tout n’est donc pas complètement vide ? (puisque, en principe, une glace ne se forme que s’il existe une atmosphère environnante….). A propos, quelle est la valeur du vide à ces “altitudes” et , au cas où, quelles sont les espèces chimiques trouvées en ces lieux accueiilants…..?
Bonjour Françoise.
Root me corrigera si je me trompe,mais je pense que plutôt que des espèces chimiques rencontrées en orbite, il s’agit de restes d’atmosphère embarqués par le jwst lui-même depuis la terre dont on craint le dépôt sous forme de glace à des endroits critiques des instruments.
Cordialement.
Yann (YM)
Root (Patrice), confirme absolument ce que Yann dit à Françoise.
Ceci étant dit, je suis très heureux de constater qu’il y a des échanges entres tous ceux qui nous suivent (Yann, Yves, Françoise, etc..) ce que je trouve extrêmement gratifiant. C’est l’idée de notre site. Tout n’est pas encore parfait, car il est très compliqué de mettre un place un forum de discussion suivi d’un échange de points de vue. Pour l’instant, je reste le pivot de ces discussions, mais je vous exhorte tous à discuter entre vous, comme vous avez commencé à le faire (de plus cela me fera moins de travail, alors que nous préparons la recette en vol (commissioning outre Manche!) de MIRI).
Toutes mes excuses si je ne réponds pas toujours à temps à vos questions.
Il reste que j’essaye de maintenir notre site à jour (en particulier en ce qui concerne l’évolution des températures), par delà les impératifs familiaux, durant les fins de semaine.. Et que je m’efforce de vous maintenir tous au courant des derniers évènements. N’oubliez pas que toutes les informations que nous glanons, de part nos accointances avec les instances, sont toujours soumises à des règles très stricte de la NASA qui nous interdit de divulguer quoique ce soit avant que cette agence ne le fasse. Ceci n’empêche pas que nous sommes au courant bien avant les annonces officielles, de ce qu’il se passe. Je ne saurais donc que vous recommander de continuer à consulter notre site, et de poser toutes les questions qui vous chiffonnent, et surtout de discuter entre vous tous. C’est à ce prix que le site vivra.. ce que nous souhaitons tous!
Bien Cordialement à tous,
Patrice
Bonjour et merci pour votre site. J’ai une question relative aux essais au sol du bouclier thermique de JWST. Par quels moyens réaliser des tests d’isolement du bouclier thermique sachant qu’il faut produire une température positive de 55° d’un coté et -230° de l’autre, le tout dans le vide sidéral sans brassage thermique ? Sacré défi. En tout cas, JWST est certainement le plus beau projet technologique du début de ce siècle. Félicitations à toutes les équipes.
Bonjour Didier: votre question est originale et intéressante. Je vous rassure, les essais du bouclier thermique faits au sol n’ont concerné que le mécanisme du déploiement et la mise sous tension des 5 couches (en fait 4 seulement étaient nécessaires). Les propriétés calorifiques dans un quasi vide du polymère extrêmement fin dont sont faites les couches ont été vérifiées en labo, à part.
Merci d’avoir pris du temps pour me répondre et Bonne journée à tous.
JWST.fr est sur la liste des missions spatiales dédiées aux exoplanètes:
http://exoplanet.eu/research/
Bonjour !
question de béotien, SVP : dans MIRCam, y a-t-il bien 2 roues de filtres (1 pour chacun des modules de Longueur d’onde courte, ou longue). Certains schémas ou photos trouvés sur Internet pourraient laisser penser qu’une seule roue pourrait être positionnable selon les modules choisis…d’où de nouveaux réglages ?????.
Comme nous devons patienter avant que les 1ères images du jeune/vieux ciel nous parviennent, je m’intéresse d’assez près aux divers instruments de MIRI, et je suis sidérée par la complexité des chemins optiques, du seul fait de l’imbrication très serrée imposée par le télescope spatial, ceci…. afin qu’il puisse rendre les services que l’on en attend. Chapeau, les “opticiens” ! il ne fallait pas se tromper……c’est super, cette ingénierie ! en attendant, patience……
Ce compactage semble d’ailleurs rendre assez difficile la schématisation de l’organisation matérielle des objets constitutifs du télescope, selon l’angle ou les angles sous lesquels on les regarde. Retourner les images pour essayer de faire “coller” les schémas n’est pas toujours évident, le sac à dos de JWST étant tellement plein à craquer. En fait, il aurait fallu assister au montage……non?
Les précédentes réponses de root à mes questions de béotien m’encouragent à en poser une autre, peut-être encore “pire”… Elle concerne l’optique fine mise en œuvre pour le réglage des segments du miroir. Je sais que l’on peut considérer la lumière sous l’angle “corpusculaire” ou “ondulatoire”, et ça perturbe les “pékins”. Si je considère que la lumière provenant de l’étoile cible est un flux de particules, j’ai du mal à comprendre qu’une infime variation du chemin parcouru en fonction du segment sur lequel il a “rebondi” puisse se voir à la fin. Quant à considérer l’aspect ondulatoire, les ondes provenant de l’étoile ne sont pas censées être cohérentes, comme si elles provenaient d’un laser, d’où, de toutes façons, des déphasages aléatoires dans le faisceau…
Bonjour Yves.
En effet, la lumière peut être considérée tantôt comme une onde tantôt comme un corpuscule. c’est la partie ondulatoire qui nous intéresse dans la cohérence de la lumière. Si la lumière venant d’un même point source (donc cohérente jusqu’à l’entrée du télescope) arrive par plusieurs chemins différents (en longueur) sur un même point du capteur, comme la vitesse de la lumière est fixe, la lumière ayant parcourue plus de distance aura un retard de phase sur la lumière en ayant parcourue moins ; dans le cas de la lumière infras rouge, on parle d’un ordre de grandeur de 1 micron pour une période d’oscillation complète (longueur d’onde). Les ajustements doivent donc se faire sur un ordre de grandeur 100 a 1000 fois plus petits afin de faire en sorte que les distances parcourue soient rigoureusement identiques.
Je comprends parfaitement tout cela. Ce qui me pose question, c’est que le faisceau qui provient de l’étoile et qui arrive sur le miroir est fait d’une grande quantité d’ondes qui ne sont pas en phase. Je comprends bien que si l’un des segments est décalé par rapport aux autres, cela introduit un déphasage, mais il me semble que, de toutes façons, il n’y a pas de cohérences de phase entre tous les composants de ce faisceau. Ou alors, l’explication, c’est que, comme dans les fentes de Young, les photons passent simultanément par tous les segments, comme ils passent par les deux fentes en même temps ?
Désolé, j’ai été assez occupé ces derniers jours, et j’ai mis du temps à vous répondre. Bien m’en a pris pourtant parce que la réponse de Gilles à Yves est absolument parfaite. Je suis, et toute notre équipe l’est aussi, absolument enchanté de constater qu’un échange peut s’établir à travers le site entre tous ceux que cette aventure passionne. Merci à tous, cela me permets de me dédier entièrement à la suite des opérations. Je viens d’obtenir de nouvelles images sur l’alignement. Dès que j’aurai la permission de les diffuser, je ne manquerai pas de le faire…
Bien à vous tous,
Patrice
re-bonjour
inutile de répondre à ma question juste antérieure du 26 Février: je crois avoir tout compris après avoir vu le site très détaillé https://jwst-docs.stsci.edu/jwst-near-infrared-camera/nircam-instrumentation/ ; les explications ne sont pas super-récentes (2016 dans le cas précis de NIRCam), mais extrêmement instructives.
désolée d’avoir questionné trop vite……
Bonsoir Françoise, je ne répondrai donc pas à votre question.En revanche, je vous demanderais quelles sont les informations qui vous ont manqué sur notre site, afin que nous puissions les inclure…
Merci pour votre enthousiasme et participation active sur le site!
Patrice
Ce que je cherchais à “voir”, ce sont les trajets du faisceau lumineux issu du miroir du télescope, après son entrée dans chacun des 4 instruments de MIRI; mais pas sur un simple schéma plan : plutôt sur leur maquette 3D ou ce chemin se développe peu à peu.
Ceci, car suivre un trajet lumineux, c’est prendre aussi conscience et connaissance de tous les éléments d’optique ou de détection constitutifs de chaque instrument, de l’emplacement où ils interviennent, etc. Suivre cette logique est très enrichissant au niveau compréhension des choses.
En fait, c’est après avoir beaucoup navigué sur divers sites français et étrangers, qu’ils soient en “.edu” ou non, que j’ai pu vraiment me faire une idée de la vraie réalité……enfin….je crois…..à titre d’exemple : la video sur NIRSpec à l’adresse suivante:
https://www.esa.int/esatv/Videos/2021/09/James_Webb_Space_Telescope/Webb_NIRSpec_integral_field_units_animation.
(je n’y étais pas arrivée en passant par votre site….mais, peut-être n’avais-je pas su m’en servir…..si cela a été le cas, je vous prie de m’excuser, svp)
Bonsoir Françoise: si je comprends bien votre interrogation, c’est le trajet de la lumière dans chaque instrument qui vous intéresse? Rien à voir, donc, avec l’alignement du télescope dont la procédure rentre aujourd’hui dans sa phase 4.
En ce qui concerne MIRI, qui reste notre première préoccupation à nous Français (NIRSPec est ESA), je trajet optique est décrit dans les images ci-jointes. J’espère qu’elles satisferont à votre curiosité!
Pour les autres instruments, si les informations n’étaient pas complètes sur notre site, vous pouvez consulter leurs sites qui sont indiqués.
Bien Cordialement,
Patrice
http://www.jwst.fr/optical_path/
http://www.jwst.fr/miri_optical/
bonjour
si j’ai bien compris: les 18 images se sont excellement empilées les unes sur les autres; et maintenant on commence à chercher à faire de cet empilement 1 unique image homogène . Après, ce sera le tour des instruments….et là, on y sera presque…..enfin presque presque….
Bon courage aux “ajusteurs”…..
Oui, vous avez bien compris. Sauf que… pour l’instant les 18 images ne sont pas encore empilées les unes sur les autres. Cela devrait être fait à la fin de la semaine prochaine. Ce sera la fin de la phase “coarse phasing” (ajustement grossier), puis la phase 5 “Fine phasing -(ajustement fin), suivie de la phase 6 “Telescope alihnment” (alignement du télescope, avec tous les miroirs), une phase 7 pour les corrections finales, et alors, et alors seulement, la calibration des instruments pourra commencer. Il est difficile de donner des dates précises, mais il faut compter environ 115 jours après la mise en orbite, ce qui nous amène environ à dans 2 mois, soit début mai…
Bien Cordialement,
Patrice
Bonjour. Y a-t-il des participations ou partenariats russes dans l’exploitation des différents instruments du JWST ou dans l’analyse de leurs (futures) observations ?
La question dépasse le cadre scientifique et technique de notre site, mais je peux néanmoins vous répondre: Non, absolument pas!
En ce qui concerne le temps garanti à toute équipe ayant participé d’une manière ou d’une autre au projet, il n’y a jamais eu aucun russe (et aucun Ukrainien!). Pour le temps libre ouvert, il y a peut-être (sans doute?) certaines collaborations qui incluent des scientifiques russes mais je suppose qu’il leur sera demandé de passer la main.
C’est quand même regrettable car l’immense majorité d’entre eux est hostile à cette guerre (un manifeste a d’ailleurs été signé par 400 d’entre eux) et beaucoup sont extrêmement compétents.
Bonjour
Simple curiosité de scientifique…..
j’aimerais savoir combien de personnes ont participé ( ou participent) personnellement uniquement à l’alignement puis à l’empilement des images, et ce, combien de temps par jour (roulement ? automatisation ? etc….). Ce côté pratique de temps de travail quotidien passé effectivement à la tâche a son importance, comme dans tout métier, n’est-ce pas?
Cela permet de mieux connaître la pratique du métier exercé…….souvent mal connue ou méconnue
Bonsoir Françoise,
Il me serait difficile de vous répondre avec des chiffres certifiés. Je vous avoue que ce n’est pas un sujet qui me préoccupe. Il me suffit de savoir que toute une équipe est sur les braquets. Je vais pourtant poser la question aux personnes idoines qui ne manqueront pas de nous répondre!
Bien cordialement,
Patrice