Le JWST dresse un magnifique portrait étoilé des piliers de la création
Beaucoup l’attendaient! La voilà maintenant. Le JWST a révélé, mercredi 19 octobre, son premier cliché des « Piliers de la création », plus détaillé que jamais auparavant.
Ces impressionnantes structures de gaz et de poussière, regorgeant d’étoiles en formation, sont situées à 6 500 années-lumière avaient été imagées pour la première fois en 1995 par le HST (Hubble Space Telescope), dans la grande nébuleuse de l’Aigle. Leur photographie est l’une des plus connues de toutes celles fournies par ce télescope et a parcouru des milliers de page sur la toile.
La vision de ces fameux piliers est totalement différente selon que l’on la regarde dans la lumière visible ou infrarouge (d’où l’intérêt extraordinaire du JWST). Dans la lumière visible (à droite), toutes les étoiles en gestation sont enfouies dans une enveloppe de poussières. Elles apparaisent lorsque l’on observe dans l’infrarouge (voir image ci-dessous: à gauche image dans les longueurs d’onde du domaine visible obtenue avec le HST, à droite celle obtenue avec l’instrument NIRCam au JWST.
Le JWST a en effet capturé un paysage luxuriant et très détaillé des emblématiques piliers de la création, où de nouvelles étoiles se forment dans des nuages denses de gaz et de poussière. Les piliers tridimensionnels ressemblent à de majestueuses formations rocheuses, mais sont beaucoup plus perméables. Ces colonnes sont constituées de gaz interstellaires frais et de poussière qui apparaissent parfois semi-transparents dans le proche infrarouge.
Cette nouvelle vision des Piliers de la Création, extrêmement célèbre par les images obtenues par le HST, aidera les chercheurs à repenser leurs modèles de formation stellaire en identifiant des comptages d’étoiles nouvellement formées, en fonction de la production de gaz et de poussières dans la région. Au fil du temps, ils commenceront à mieux comprendre comment les étoiles se forment lorsque leurs embryons soudainement émergent au sein d’un nuage moléculaire (Gaz et poussières confondus), avant de prendre naissance au sein de ces nuages poussiéreux pendant des millions d’années.
Le JWST parvient à voir à travers l’opacité des piliers et révèle ainsi de nombreuses étoiles en formation. Il s’agit, sur l’image ci-dessous, des “boules” rouges à l’extrémité de plusieurs piliers. Ces « jeunes étoiles projettent périodiquement des jets supersoniques qui entrent en collision avec les nuages de matière, comme ces épais piliers ».
Quand des nœuds avec une masse suffisante se forment dans les piliers, ils commencent à s’effondrer sous leur propre gravité, se réchauffent lentement, et finalement commencent à fortement briller. Le long des bords des piliers nous découvrons des lignes ondulées qui ressemblent à de la lave. Ce sont des éjections d’étoiles qui sont encore en formation. Les jeunes étoiles projettent périodiquement des jets qui peuvent interagir dans les nuages de matière, comme ces épais piliers de gaz et de poussière. Il en résulte parfois des chocs “d’étrave”, qui peuvent former des motifs ondulés comme le fait un bateau lorsqu’il se déplace dans l’eau. On estime que ces jeunes étoiles n’ont que quelques centaines de milliers d’années et continueront de se former pendant des millions d’années. Bien qu’il puisse sembler que la lumière proche infrarouge ait permis au JWST de “percer” le fond pour révéler de grandes distances cosmiques au-delà des piliers, le milieu interstellaire se dresse sur le chemin, comme un rideau tiré. C’est aussi la raison pour laquelle il n’y a pas de galaxies lointaines dans cette vue. Cette couche translucide de gaz bloque notre vision de l’univers plus profond. De plus, la poussière est illuminée par la lumière collective de la « fête » remplie d’étoiles qui se sont libérées des piliers. C’est comme se tenir dans une pièce bien éclairée et regarder par une fenêtre – la lumière intérieure se reflète sur la vitre, obscurcissant la scène à l’extérieur et, à son tour, éclairant l’activité de la fête à l’intérieur. Cette nouvelle vision des piliers de la création aidera les chercheurs à repenser les modèles de formation stellaire.
L’instrument NIRCam a été construit par une équipe de l’Université de l’Arizona et le Centre de Technologie Avancée de Lockheed Martin.
Credits:
SCIENCE: NASA, ESA, CSA, STScI
IMAGE PROCESSING: Joseph DePasquale (STScI), Anton M. Koekemoer (STScI), Alyssa Pagan (STScI)
Un grand merci à Stéphanie qui s’est particulièrement intéressée à ces piliers de la création et qui m’a incité à publier ces somptueuses images.
A 6 500 années-lumière ! Epoustouflantes images. Merci JWST et Patrice.
Ma gni fique ! Et époustouflant de beauté.
Mais voyez vous ce visage, cette tête matérialisée, depuis les premiers clichés des piliers, on peut observer sur plusieurs angles une tête munie d’un nez front yeux menton….?
La magie du ciel est qu’elle permet de voir ce que l’on cherche!… Notre imagination n’est jamais prise en défaut.
bonjour, JWST !
j’attendais avec impatience cette image! Quant à la lueur rouge (artificielle ? réelle? ) que vous donnez aux étoiles en train de naître, cela peut-il signifier que leur température est encore trop peu élevée pour qu’elles puissent briller en blanc? Par ailleurs, ces jets supersoniques qui vont heurter le milieu environnant proviennent de quel mécanisme exactement ? et de quoi sont-ils constitués: énergie pure? matière ? quelle matière ?. Quant au, “choc d’étrave” cela paraît vraisemblable…..jusqu’à plus ample information.
Chercheurs…..que vous devez être heureux devant cette image !….. et devant l’excellente performance de JWST !!!!! et devant la perspective de tant de données nouvelles à travailler….!!! vive la compréhension de l’Univers…..jusqu’à ce qu’on ait une petite idée de ce qu’il y avait…… avant sa création. C’est sans fin ! ….et c’est ce qui en fait l’intérêt !
Françoise
Voire sans commencement ? 😉
Le big-bang marque le commencement de l’espace ET du temps. Se demander ce qu’il y avait avant n’a donc pas de sens.
Bonjour, tous mes meilleurs vœux à l’aube de cette année, beaucoup de santé pour analyser toutes ces informations! Quelle émotion quand les techniciens ont focalisé les miroirs! Nous étions (presque) aveugles, nous sommes (à peine) un peu moins myopes: toutes ces images sont magnifiques, des explosions, des feux d’artifices de toute beauté. Pour certains, le lancement de cet instrument a été la fin de leurs efforts, pour beaucoup d’autres le début d’une longue traque (vous vous êtes constitués une énorme banque de données!). Merci donc à tous les techniciens et chercheur qui ont permis ce travail titanesques, malgré les doutes et les incertitudes (financières). Merci à vous de nous abreuver de ces merveilleuses photos, car la presse scientifique française est inexistante maintenant.
J’ai 2 questions concernant Miri et les coronographes. Quand M. B. Lyot a construit son coronographe, il connaissait le diamètre apparent du soleil, la construction de son appareil était donc simple, géniale mais simple. Pour observer une étoile ou une galaxie, qui n’ont pas un diamètre apparent identique, comment avez vous déterminé le diamètre “d’extinction” des filtres? (qui est donné mécaniquement). Si votre diamètre d’extinction est trop large, toute une partie perpendiculaire au déplacement n’est plus visible?
Que vous apporte le passage de 2 à 4 quadrants? une meilleure précision? pourquoi? je ne vois pas trop de différence entre 2 et 4 quadrants, si ce n’est peut être une meilleure réalisation mécanique du filtre? En tout cas, chapeau bas pour décaler de pi (3,5?), ce qui doit imposer le choix de certaines longueur d’ondes.
Un grand merci encore pour nous fournir toutes ces images “en live”!
Cher Daniel,
Avant toute chose, je vous retourne nos meilleurs vœux, de ma part et de toute l’équipe du Centre d’Expertise et je vous remercie pour vos commentaires, et votre enthousiasme. Merci, cela nous aide beaucoup. Ce site français doit vivre, et c’est grâce à des personnes comme vous qu’il pourra le faire.
Je réponds à vos questions, et si ces réponses ne vous satisfaisaient pas, n’hésitez pas à revenir vers nous:
La différence avec le Soleil c’est que dans le cas de la coronographie stellaire (avec MIRI ou autres instruments comme SPHERE) on essaye d’atténuer la lumière d’un point source et non pas d’un objet étendu qui aurait une taille apparente. Donc on est dans un régime de diffraction qui est parfaitement déterminée par la taille du télescope et la longueur d’onde.
En pratique dans MIRI on masque une zone de l’image qui est au minimum de la taille de la diffraction (lambda/D) avec les corono 4Q ou voire un peu plus large (3*lambda/D) avec le corono de Lyot.
Sur la réalisation du corono, un 2Q n’est pas suffisant pour atténuer la lumière stellaire. Pour comprendre il faut raisonner dans la pupille et en diffraction donc un peu complexe. Il faut juste répondre que ca ne marche pas avec un système 2Q !
Et enfin, oui le déphasage de PI ne se produit qu’a une longueur d’onde donnée. En pratique on tolère une certaine largeur de bande qui pour MIRI ne dépasse pas 5% de la longueur centrale du filtre.
Bonjour à tous ! Si je comprends bien, D correspond au diamètre du téléscope? Lambda/D représente combien sur le filtre? Vous avez quelques explications “techniques” dans un coin, pour essayer de décrypter à tête reposée ?
Si cela n’avait pas marché pour un 2Q, qu’est ce qui vous a incités à construire un 4Q??? De formation d’ingénieur, à la retraite maintenant, je suis toujours intéressé par les petit détails qui font que “ça marche”…
Encore un grand bravo pour cette réussite collective, j’espère que nous aurons longtemps accès à vos images, à vos explications si possible, pour démystifier et montrer si simplement le monde merveilleux où nous vivons, car c’est de ça aussi dont on parle! C’est, à mon avis, une belle manière pour la science de mettre ou remettre les choses en place, l’éducation nationale dispose d’une mine!
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