MIRI : SA DESCENTE ACCELEREE VERS LE GRAND FROID ! (actualité à jour jusqu’au 19 avril 2022)
La température est essentiellement une mesure de la vitesse à laquelle les atomes se déplacent, et en plus de détecter leur propre lumière infrarouge, les détecteurs du JWST peuvent réagir à leurs propres vibrations thermiques. MIRI détecte la lumière dans une plage d’énergie inférieure à celle des trois autres instruments. Par conséquent, ses détecteurs sont encore plus sensibles aux vibrations thermiques. Ces signaux indésirables sont ce que les astronomes appellent le « bruit », qui peuvent rendre invisibles les faibles signaux que le JWST essaie de détecter.
Nous avons déjà vu qu’après le lancement, l’observatoire a déplié un pare-soleil de la taille d’un court de tennis pour bloquer MIRI et les autres instruments de la chaleur du soleil, leur permettant de se refroidir passivement. Il était prévu qu’environ 77 jours après le lancement, le Cryo refroidisseur de MIRI devait entrer en fonction pour faire baisser la température des détecteurs à moins de 7 kelvins (- 266 °C). Cette phase vient de démarrer et devrait durer environ 19 jours.
Courbes reproduisant les calculs théoriques de prédiction de l’évolution des températures, à comparer avec le graphique des températures mesurées, mis à jour quotidiennement par nos soins sur la page d’accueil du site (et partiellement reproduit sur l’image suivante). Crédit: NASA, JPL
“Il est relativement facile de refroidir quelque chose à cette température sur Terre, généralement pour des applications scientifiques ou industrielles, mais ces systèmes terrestres sont très volumineux et inefficaces sur le plan énergétique. Pour un observatoire spatial, nous avons besoin d’un refroidisseur qui est physiquement compact, très éco-énergétique, et il doit être très fiable parce que nous ne pouvons pas aller le réparer. Voilà donc les défis que nous avons dû relever, et à cet égard, je dirais que le cryo refroidisseur de MIRI est certainement à la fine pointe de la technologie” a déclaré Konstantin Penanen, spécialiste des cryo refroidisseurs au Jet Propulsion Laboratory de la NASA (JPL, Pasadena, dans le sud de la Californie), qui gère l’instrument MIRI pour la NASA.
Le cryo refroidisseur de MIRI utilise de l’hélium gazeux – suffisamment pour remplir environ neuf ballons de foire. Deux compresseurs à alimentation électrique pompent l’hélium à travers un tube qui s’étend jusqu’à l’emplacement des détecteurs. Le tube passe à travers un bloc de métal qui est également attaché aux détecteurs; l’hélium refroidi absorbe l’excès de chaleur du bloc de métal, qui à son tour maintient les détecteurs à leur température de fonctionnement en dessous de 7 kelvins. Le gaz réchauffé (mais encore assez froid) retourne ensuite dans les compresseurs, où il décharge l’excès de chaleur, et le cycle recommence. Fondamentalement, le système est similaire à ceux utilisés dans les réfrigérateurs et les climatiseurs domestiques.
L’ensemble compresseur de cryorefroidissement. Cette photo montre le cryorefroidisseur de vol installé « à l’envers » dans une chambre à vide pour essai, avant qu’elle ne soit fermée. Image : NASA/JPL-Caltech
Le tube qui transporte l’hélium est fait d’acier inoxydable doré et mesure moins de 2,5 millimètres de diamètre. Il s’étend sur environ 10 mètres à partir des compresseurs, situés dans une région appelée le bus de vaisseau spatial, jusqu’aux détecteurs de MIRI, situés dans l’élément de télescope optique (OTE), derrière le miroir primaire du télescope. La tour déployable, ou ATD, relie ces deux régions (voir l’actualité du 30 décembre 2021).
Pour mémoire, rappelons qu’en regardant à travers des nuages de poussière encore plus épais que les instruments qui observent dans l’infrarouge proche peuvent traverser, MIRI révélera les lieux de naissance des étoiles. Il détectera également les molécules qui sont communes sur Terre – comme l’eau, le dioxyde de carbone et le méthane, et celles des minéraux rocheux comme les silicates – dans des environnements froids autour des étoiles voisines, où des planètes peuvent se former. Les instruments dans le proche infrarouge détectent mieux ces molécules sous forme de vapeur dans des environnements beaucoup plus chauds, tandis que MIRI peut les voir sous forme de glaces.
D’autre part, l’un des grands objectifs scientifiques du JWST sera d’étudier les propriétés de la première génération d’étoiles qui se sont formées dans l’univers. La caméra infrarouge proche, l’instrument de NIRCam, sera en mesure de détecter ces objets extrêmement éloignés, mais ce sera le rôle de MIRI d’aider les scientifiques à confirmer que ces faibles sources de lumière sont des amas d’étoiles de première génération, plutôt que des étoiles de seconde génération qui se forment plus tard lors de l’évolution de la galaxie à laquelle elles appartiennent.
Température des instruments mise à jour le 19 avril 2022 à 10 h. La température de fonctionnement optimal de MIRI est au niveau attendu et maintenant stable. Un très léger retard par rapport à la planification, de légers ajustements ayant été rendus nécessaires, pour s’assurer du bon fonctionnement de tous les systèmes, et les premières images (pour calibrations) sont attendues sous peu. Il reste que c’est une réussite fantastique qui nous laisse augurer du meilleur.
Les instruments qui observeront dans l’infrarouge proche (NIRCam, NIRSpec, FGS-NIRISS) avaient déjà atteint leur cible de 34 à 39 kelvins en se refroidissant passivement depuis plusieurs semaines. MIRI est équipé de détecteurs qui doivent être à une température de moins de 7 kelvins pour pouvoir détecter des photons de longueur d’onde plus longue. Il n’était pas possible d’atteindre cette température par des moyens passifs seuls, d’où la nécessité d’un cryorefroidisseur innovant décrit plus haut. A noter que pour gérer le processus de refroidissement, MIRI disposait également de “radiateurs” à bord, afin de protéger ses composants sensibles contre le risque de formation de glace.
Attention, bien que le nom puisse porter à confusion, il s’agit de dissipateurs de rayonnement thermique. En fait des “Radiateurs à l’envers” (Françoise Plenat). Ces systèmes ont parfaitement fonctionné, et ces “radiateurs” ont été complètement éteints le 6 avril, pour amener l’instrument à sa température de fonctionnement de moins de 7 kelvins (-266 degrés Celsius). Tout s’est déroulé parfaitement, et les premières images du Ciel vu à travers MIRI ne devraient pas tarder à arriver.
Bonjour !
svp: à propos de MIRI “détective”: Sera-ce “uniquement” – je dis bien “uniquement” – parce que : plus les Longueurs d’onde IR observées le seront dans le lointain IR, plus l’étoile sera déclarée proche de la 1ère génération ?????. y a-t-il d’autres critères possibles de confirmation au niveau matière constitutive de l’étoile observée ( % H/He…..voire Li…. autres éléments ? )
Bonsoir. J’avais cru comprendre que les systèmes de refroidissement utilisés dans l’espace fonctionnaient en “hélium perdu”. Votre description suggère que dans le cryostat de MIRI l’hélium est recyclé. Qu’en est-il exactement ?
Au passage, merci pour la croix permettant d’accéder au détail de chaque actualité. J’avais tjs du mal à trouver où appuyer sur mon téléphone.
Cordialement.
Yann,
Je vous présente toutes mes excuses.
Je vous ai répondu immédiatement mais dû certainement à une fausse manip de ma part, la réponse n’apparait pas. J’en suis désolé car votre question était aussi importante que ma réponse nécessaire.
Oui, toutes les missions infrarouge jusqu’à présent (ISO, Spitzer, Herschel, COBE et WMAP) utilisaient de l’hélium liquide pour refroidir leurs détecteurs. Lourd au lancement, et surtout signifiant une durée de vie limitée. La grande révolution en ce qui concerne le JWST nous est venu de JPL (Jet Propulsion Laboratory) qui a œuvré avec succès pour “fabriquer” un genre sophistiqué d’effet Peltier (comme celui qui agit dans vos réfrigérateurs) qui fait circuler de l’hélium gazeux dans un circuit sans fin. C’est, à mon sens, une des plus grandes prouesses attachée au projet JWST. Qui permet, contrairement à toutes les missions infrarouge préalables, de s’affranchir de l’exhaustion d’un combustible lourd et volatile. C’est ce qui autorise maintenant la NASA à prévoir sans crainte un fonctionnement d’au moins 20 ans du télescope, qui n’est désormais plus considéré comme une mission, mais comme un observatoire, à l’instar du HST!
Attention : l’effet Peltier n’utilise pas le principe de la détente de gaz pour refroidir.
Oui, vous avez tout à fait raison! Pour faire court, l’effet Peltier est un effet thermoélectrique consistant en un phénomène physique de déplacement de chaleur en présence d’un courant électrique. Ce que je voulais dire c’était que le cryo-cooler de MIRI fonctionnait “un peu comme…”.
Je vous remercie de cette précision, je vais essayer de rectifier ce qui est dit sur le site.
Le principe de base du refroidissement actif est de comprimer un gaz, puis de le laisser se dilater — un processus qui refroidit le gaz. La même chose se produit dans les réfrigérateurs et les climatiseurs, qui sont des thermopompes qui déplacent la chaleur d’un endroit plus froid à un endroit plus chaud, à l’inverse de ce qui se produit naturellement (c’est l’effet Joule-Thomson). Un gaz ou un « frigorigène » est comprimé par une pompe, puis autorisé à se dilater là où vous voulez que le refroidissement se produise. Le processus de dilatation absorbe la chaleur, et le gaz déployé est pompé et sa chaleur absorbée est rejetée par un radiateur. Le gaz est ensuite recyclé et recompressé et le processus recommence.
Mais il est vrai que le refroidissement actif sur le JWST est beaucoup plus compliqué qu’un réfrigérateur domestique.
Le refroidisseur fonctionne sur le principe familier de permettre au gaz comprimé de se développer à mesure qu’il traverse un orifice. Les refroidisseurs de tubes à impulsions produisent un flux oscillant à travers un orifice, ou plus communément à travers une matrice thermique appelée régénérateur. Dans la partie haute pression du cycle, le gaz chaud est entraîné dans un réservoir, où il échange sa chaleur. Dans la partie basse pression, le gaz le régénérateur et le refroidit, ce qui permet d’éliminer la chaleur de l’objet refroidi.
Un grand merci pour m’avoir permis de faire cette précision. Croyez bien que tous vos commentaires futurs seront pris en compte!
@ Françoise : Je crois en effet que la composition d’une étoile entre dans les critères pour vérifier qu’on est bien sur une première génération. Dans les modèles couramment admis, on s’attend à ne trouver quasiment que H ou Hé, et très peu d’autres éléments que les astronomes appelent des métaux. Webb devra le vérifier.
Tout à fait d’accord. Je croyais avoir répondu. Merci Yann de prendre la relève!
Bonjour !
je vois, d’après le graphe, que, aujourd’hui, MIRI est à -270 °C ! On s’approche donc un peu plus du grand jour de la 1ère “vraie photo” ! gardez votre calme, mesdames et messieurs les “chercheurs” …..!
Ce que je puis dire en ce qui me concerne, c’est que le délai d’attente pour parvenir à ce stade aura été pour moi une formidable occasion de me re-plonger dans la science; en particulier, quand j’ai regardé comment “marchait” le cryocool spécifique à MIRI et les divers “effets….physiques” utilisés pour atteindre la t° fatidique; et, surtout, d’ essayer d’avoir une bonne compréhension du fonctionnement des outils techniques. Bien sûr, c’est très éloigné de la connaissance de l’Univers en tant que telle,….. mais sans cela, rien n’aurait été possible…..n’est-ce pas ?
Bonjour,
Il me semblait qu’il s’agissait d’un article scientifique
Pourquoi utiliser des unités de mesure farfelues telle que “la taille d’un court de tennis” pour une surface ou “suffisamment pour remplir environ neuf ballons de foire” pour mesurer une quantité de gaz. Un ballon de foire sur la terre je suppose, à une pression de une atmosphère (soit 98 066,5 Pa ou 1,013 25 bar).
Si cela vous semble plus imagé, quoique que je ne fréquente pas vraiment les courts de tennis, pourquoi pas, mais mettez au moins de “vraies” mesures à coté.
Chère Madame,
D’abord je vous remercie de consulter notre site: vous avez certainement raison et je vous suis gré d’exprimer votre courroux.
Ensuite, me semble-t’il, vous n’avez pas vraiment saisi l’objectif de notre site. Il ne s’agit en aucun cas de divulguer des articles scientifiques. Si ceux-ci vous intéressent vous pouvez consulter nombre de sites en Anglais qui vous donneront toutes les explications que vous êtes en droit de demander. Ils ne manquent pas, sur tous les sujets. La toile est riche!
Ce que prétend ce site (je vous le rappelle officiel car nourri par le CNES, le CNRS et surtout le CEA) est de transmettre en français les informations dont nous avons le privilège d’être informés de par notre participation nationale dans cette aventure extraordinaire, sans aucune autre prétention que d’informer le grand public.
Si vous êtes intéressée par ce qui relève des activités scientifiques, nous avons une page spécialement dédiée (Centre d’Expertise). Je vous enjoins à la consulter.
Cependant, la très grande majorité des personnes qui consultent notre site ne demandent que des informations qui leur parlent: aussi préfèrerons-nous toujours utiliser des images qui parlent. Par exemple, parler de terrains de tennis plutôt que de dire que le bouclier thermique fait 21,197m sur 14,162m me semble pertinent. Peut-être ai-je tort? Quant aux ballons de foire, je vous laisse faire le calcul de la quantité de gaz (leur pression n’a absolument rien à voir, je ne comprends pas pourquoi vous la mentionnez), et plus tard faire comprendre à nos visiteurs ce que cela signifie.
Je vous promets que lorsque vous aurez calculé la quantité de gaz d’Hélium et rédigé quelques lignes sur ce que cela signifie, de publier votre texte sur le site. Nous attendrons ensemble les commentaires.
Encore une fois, je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à notre site, mais ne confondons pas les objectifs, surtout lorsqu’il s’agit de détails aussi insipides.
Patrice Bouchet
Vu sur internet https://combien.io/taille-terrain-tennis-815 :
Au minimum, un terrain de tennis complet (court + enveloppe) doit mesurer 17,07 mètres de largeur pour 34,77 mètres de longueur.
C’est sans doute dommage, mais oui, des m2 me parlent plus que des terrains de tennis.
Ce n’est peut-être pas la peine d’aller jusqu’au millimètre, cela m’étonnerait beaucoup que la taille ne varie pas avec la température.
Pour les gaz parfaits (en simplifiant)
PV = nRT => nR = PV/T
où
nR est la quantité de gaz
n nombre de moles
R la constante des gaz parfait : 8.314 J.mol-1.K-1
P la pression en pascal (J/m3)
V volume en m3
T la température en °K (proche de zéro si j’ai bien compris), ce qui complique un peu le calcul. Les divisions par zéro étant source d’infini
Il est vrai que je n’ai parlé ni de la température ni de la résistance du ballon, j’ai en simplifiant supposé que la pression était de l’ordre d’au moins une atmosphère en réalité sans doute entre 2 et 5 (et une de moins dans le vide que sur terre).
Je reconnais que la température à une bien plus grande importance et que gonfler ces ballons à 20 °C sur terre ou à 7 kelvins (-266 degrés Celsius) dans l’espace provoque une bien plus grande différence de quantité de gaz, qu’une atmosphère en plus ou en moins.
Vu les incertitudes sur les conditions de l’expérience de gonflage (température) et sur la qualité de vos ballons de foire explicatifs (volume et pression), je n’arriverais pas à calculer la quantité de gaz emporté.
Pour moi cela souligne jusque que votre exemple est idiot.
Du coup je veux bien que vous m’indiquiez quelle quantité l’hélium a été emporté.
Et ne soyez pas trop modeste. Je veux bien que le but de votre article soit d’informer le grand public, mais dans les commentaires vous y comparez l’effet Peltier et l’effet Joule-Thomson. Ce n’est pas à la portée de tout le monde.
Bien cordialement
Annie Simeau
Chère Madame,
Avant tout, je vous prie d’accepter mes excuses pour cette réponse tardive. Affecté par ce maudit virus, j’étais alité toute la semaine dernière.
Ensuite, je vous sais gré de vous intéresser à notre site. Merci!
Je vous remercie aussi pour vos commentaires nuancés. N’en doutez pas, je les communiquerai (sans citer votre nom, cela va sans dire) à la direction de la communication de la NASA qui a eu, selon vous, l’idée “idiote” d’utiliser de telles analogies, que j’ai reprises sans vergogne, je le confesse!
Si la NASA a utilisé cette équivalence avec des ballons de fête, au lieu de donner la quantité exacte d’hélium gazeux embarqué, c’est, voyez-vous, parce que le “cryo-cooler” est toujours soumis aux restrictions ITAR (secret industriel plus que militaire, mais de la même catégorie), parce que tout à fait révolutionnaire. Je vous mets au défi de trouver dans toutes les publications (et il y en a de nombreuses, je pourrais vous fournir quelques références) la moindre indication sur la quantité de gaz.
Ce que je peux vous dire, c’est qu’il faut environ 0.4m3 pour remplir 9 ballons de fête, soit approximativement 400 litres.
1 litre d’hélium pesant 0.17 g, cela fait, à la louche, 61 g embarqué.
D’autre part, comme l’hélium se liquéfie à 4.2K, il n’y a jamais eu de liquide dans la boucle de fluide du refroidisseur. La quantité d’hélium gazeux suffisante pour remplir 9 ballons de fête est un volume approximatif à 1 atmosphère de pression. Le gaz dans le refroidisseur, qui était dans le refroidisseur au lancement, est comprimé et prend donc moins de volume.
Faute d’information chiffrées, je serais bien incapable de refaire moi-même le calcul.
Quant à la comparaison entre l’effet Peltier et l’effet JT, vous avez entièrement raison, c’était un peu prétentieux. Une de nos lectrices m’a suggéré de construire une page dédiée à expliquer toutes ces notions, qui sont, comme vous le dites justement, pas forcément adaptées aux connaissances du grand public. Je vais m’y employer.
Encore merci,
Patrice Bouchet
Il n’y a pas que des scientifiques madame qui lisent ces lignes, des “petites gens” qui n’ont pas nécessairement la “tête bien pleine” les lisent aussi,astronomes amateurs,enfants et adolescents ou simplement curieux .Alors de grâce quittez cette attitude de “superbe” et merci aux auteurs de nous laisser imaginer avec autre chose que des formules physique ou mathématiques (ce qui n’empêche pas bien entendu de préciser par ailleurs comme vous le dites les vrais mesures) pour ma part je ne fréquente pas les “cours” d’astrophysiques et autres connaissances liées à ce sujet.
Bonjour Mr Tarlet,
Je ne sais pas à quoi vous faites allusion car je n’ai jamais vu de messages pédants mais je peux vous assurer que je partage tout à fait votre opinion et votre jugement. Comme vous avez dû le remarquer nous essayons sur ce site français d’éviter toute formule mathématique ou théories physiques fumeuses pour qu’il soit à portée de tous. Cela n’empêche personne de nous écrire pour demander des explications plus “scientifiques”.
Bien à vous,
Patrice Bouchet
Editeur du site jwst.fr
Bonjour
tout à fait d’accord avec la réponse de “root”/Patrice : les comparaisons “justement” imagées parlent immédiatement , que l’on soit d’ailleurs béotien ou scientifique: libre ensuite à chacun de calculer s’il souhaite visualiser exactement une dimension de surface … au cas où il n’aurait jamais vu de terrain de tennis…..
Merci Françoise! J’apprécie votre soutien. Cela n’empêche pas que je suis toujours preneur de tous les commentaires sur le site, voire prêt à accepter toute critique sur son contenu. N’hésitez pas vous même à formuler les vôtres.
Bien à vous,
Patrice
Bonjour
A propos de la « réionisation » qui serait intervenue entre 400 millions et 1 Milliards d’année après ce que l’on appelle le Big-bang……
Il est certain que pour ré-ioniser quelque chose de neutre, il faut fournir de l’énergie.
1) Y a-t-il plusieurs théories quant à l’hypothèse du mécanisme de cette réionisation ?
2) Pratiquement, j’ai compris que MIRI devrait permettre de « voir » le rayonnement fossile d’une, ou plusieurs, des toutes 1ères étoiles de l’Univers ? MIRI (et tous les chercheurs qui l’entourent sur Terre) va donc l’analyser, et y chercher la trace des éléments qui s’y trouvaient alors ; et surtout l’absence de toute trace d’éléments métalliques plus lourds. J’ai compris aussi que l’on faisait l’hypothèse que ces étoiles étaient « intrinsèquement » peu lumineuses ?
(mais pourquoi « intrinsèquement » ? ….Uniquement parce que très massives, donc ne pouvant pas briller très longtemps ?…..)
Cependant, ces étoiles – qui n’auraient jamais dû se former, dit-on, selon les lois de la physique – sont destinées à mourir; et peut-être avec sursauts gamma, sources possibles de rayons X …..donc ionisants s’il en est ! …, Va-t-on aussi chercher à voir des “explosions” fossiles ?
Est-ce de cela, et seulement de cela, que l’on pourra déduire que ce sont ces étoiles-là, ou non, qui (via le rayonnement concomitant à leur mort ?) auraient provoqué la réionisation ?
Bref, quel sera l’argument imparable ?…..avant une éventuelle nouvelle remise en question, puisque que c’est comme cela que, souvent,la science progresse
Vraiment, cette exploration spatiale me passionne tout autant que vous……bien que je ne sois en aucune manière astrophysicienne…..
Bonjour Françoise,
Étant convaincu que vous seriez d’accord avec moi, et n’étant pas vraiment un expert dans le domaine (le mien étant tout spécialement les supernovae et la condensation de poussières!), je me suis permis de demander à notre expert es-cosmologie (David Elbaz, Directeur pour la Science du Département d’Astrophysique du CEA) de m’aider à vous répondre d’une manière complète et informée.
Voici sa réponse:
“« Y a-t-il plusieurs théories quant à l’hypothèse du mécanisme de la réionisation ? »
380 000 ans après le Big Bang, l’univers a suffisamment refroidi pour que les électrons ne soient plus arrachés des atomes par la lumière. C’est le moment dit de la recombinaison, qui correspond à la naissance des premiers atomes. Essentiellement de l’hydrogène.
Or nous avons des preuves qu’au cours du premier milliard d’années qui a suivi, une source d’énergie a de nouveau brisé l’ensemble des atomes d’hydrogène en séparant les électrons des noyaux. C’est la réionisation, une nouvelle ionisation de la matière.
On estime que près de 90% de la matière classique (baryonique) se trouve en dehors des galaxies, dans l’espace intergalactique, et essentiellement sous la forme d’hydrogène.
Alors quelle source d’énergie a pu produire cet effet ?
Au moment où le JWST a été conçu, il y a près de 30 ans, cette question relevait d’un profond mystère car on pensait que la réionisation s’était produite pendant quelques centaines de millions d’années après le Big Bang et l’univers avait alors produit trop peu d’étoiles pour que celles-ci puissent expliquer la réionisation.
Depuis, le satellite Planck a d’une part permis de montrer que la réionisation était plus récente et avait pris près d’un milliard d’années, et d’autre part, on a détecté des galaxies à ces époques reculées en si grand nombre qu’on pense que leurs étoiles ont pu produire suffisamment de rayonnement ultraviolet pour ioniser l’hydrogène intergalactique et ainsi expliquer la réionisation.
L’énigme de la réionisation n’est plus aussi mystérieuse qu’avant, car les premières galaxies ont eu le temps de donner naissance à assez d’étoiles pour réioniser la matière intergalactique.
La validation définitive de cette hypothèse est attendue avec le JWST qui permettra de collecter une grande population de galaxies qui remontent à ces époques et ainsi valider cette hypothèse.
Avec quel outil ? Essentiellement NIRCam qui permet de voir le rayonnement UV autour de 0,2-0,4µm et sa signature en forme de marche d’escalier à 0,1µm qui sont décalés dans l’infrarouge entre 0,7 et 3µm. MIRI permettra de voir l’effet de l’ionisation de l’hydrogène à l’intérieur des galaxies distantes (raie Lyman alpha), un indicateur de la formation d’étoiles. NIRSpec mesurera le décalage vers le rouge de manière plus précise et donc la distance des galaxies.
Faut-il considérer d’autres sources d’énergie ? La question reste ouverte, mais elle est moins saillante depuis que l’on sait que les étoiles des premières galaxies peuvent faire le travail.
Alors quelles sources ? La gravité, lors de l’accrétion de matière dans des trous noirs, qui libère l’énergie gravitationnelle sous la forme de lumière, en partie à haute fréquence, dans le domaine des UV mais aussi des rayons X. Des étoiles très massives, les premières générations d’étoiles, leur explosion en supernovae, les sursauts gamma ? Peut-être aussi. Toutes ces sources sont à prendre en compte, mais la communauté favorise à ce jour le rôle du rayonnement UV des étoiles des premières générations de galaxies.”
Voilà: j’espère que ces éclaircissements répondront à vos questions. Si ce n’était pas le cas, n’hésitez pas à nous contacter à nouveau.
Bien Cordialement,
Patrice
Bonjour Patrice
merci beaucoup de ces infos que vous avez pris la peine de me préciser. Lues rapidement, elles répondent en effet à mes questions. mais je vais prendre le temps de les relire moins rapidement et surtout d’y réfléchir un peu plus
Cordialités
Françoise
Bonjour.
Sur un article du Goddard center de la Nasa (21 avril), on peut lire que MIRI est maintenant à sa température opérationnelle de 7°K, mais par ailleurs que les segments du miroir primaire sont (en gros) entre 34 et 54°K. Le rayonnement infrarouge émis par ce miroir n’est donc pas “gênant” pour MIRI ? Comment cela fonctionne-t-il au juste ?
Merci de votre réponse … et bon rétablissement !
Bonjour. Et merci pour le formidable témoignage sur les premières images de MIRI que vous relayez dans l’actualité du 29/04. On s’y croirait !
Au passage je retrouve un pointeur vers l’article qui m’avait fait poser la question précédente (sur la température des segments du miroir primaire). En lisant mieux, j’en comprends que le “bruit” introduit par les 4 segments qui sont autour de 54°k est suffisamment en dehors du domaine de longueur d’onde utilisé par MIRI pour lui permettre de travailler. Ou en tout cas qu’un traitement des données doit permettre de s’affranchir de ce bruit.
Ce qui m’amène à une autre question : Sur les 18 segments, où sont situés les 4 qui restent plus chauds que les autres ? Et serait-il possible de “masquer” leur contribution pour améliorer encore la précision de MIRI ?
Merci pour votre réponse.
Les images des étoiles présentent des diffractions de symétrie 3 liées à la forme hexagonale des miroirs mais également une diffraction en croix à 90° d’où celà vient ?
Alain
Bonjour Alain, c’est un effet détecteur dont nous avons déjà parlé. Voir les discussions précédentes.