Écran solaire totalement déployé et les 5 couches sous tension !

Ça y est! Après quelque retard et des sueurs froides pour ceux qui trouvaient étrange ce délai supplémentaire (voir nos dernières actus), l’écran solaire qui protègera le JWST de la chaleur du Soleil et de celle réfléchie par la Terre a été aujourd’hui, mardi 4 janvier 2022, entièrement déployé et mis sous tension. C’était une étape clé pour pouvoir obtenir des instruments scientifiques embarqués, tout leur potentiel.

C’est aux alentour de 18 h (heure française) aujourd’hui mardi 4 janvier 2022, que l’écran solaire a été complètement tendu et fixé en position, marquant la fin des opérations de son déploiement.

Rappelons que cet écran – de la taille d’un court de tennis pleine grandeur – avait été replié pour s’insérer dans la zone de charge utile à l’intérieur de la coiffe d’une fusée Arianespace 5 ECA, qui avait été spécialement modifiée pour l’héberger, et pour réduire les risques d’une dépressurisation mal contrôlée qui aurait pu l’endommager. Ce bouclier thermique a commencé à se déployer le 28 décembre 2021, trois jours après le lancement.



« C’est la première fois que quelqu’un tente de mettre un télescope de cette taille dans l’espace. Le JWST a exigé non seulement un assemblage minutieux, mais aussi des déploiements minutieux. Le succès de son déploiement le plus difficile – l’écran solaire – témoigne de l’ingéniosité humaine et de la compétence technique qui permettront à Webb d’atteindre ses objectifs scientifiques. »

Thomas Zurbuchen, administrateur associé de la Direction de la mission scientifique de la NASA au siège de l’agence à Washington.

L’écran solaire à cinq couches protégera le télescope de la lumière et de la chaleur du Soleil, de la Terre et de la Lune. Chaque feuille de plastique est à peu près aussi mince qu’un cheveu humain et recouverte de métal réfléchissant, offrant une protection de l’ordre de plus de 1 million de FPS (facteur de protection solaire, bien connu des vacanciers sur nos plages!). Ensemble, les cinq couches réduisent l’exposition du Soleil de plus de 200 kilowatts d’énergie solaire à une fraction de 1 watt. Cette protection est cruciale pour maintenir les instruments scientifiques du JWST à des températures de 40 kelvins, soit -233° Celsius – suffisamment froides pour voir la faible lumière infrarouge que le télescope cherche à observer.

La NASA a organisé une conférence de presse pour faire le point et résumer le déroulé des opérations. Écouter la discussion en cliquant sur le lien ci-dessous (en langue anglaise).

« Déployer l’écran solaire du JWST dans l’espace est une étape incroyable, et bien sûr essentielle au succès de la mission ! Des milliers de composants ont dû travailler avec précision pour que cette merveille d’ingénierie se déploie complètement. L’équipe a accompli un exploit audacieux avec la complexité de ce déploiement – l’une des entreprises les plus extraordinaire en matière d’ingénierie. Avec les cinq couches de l’écran solaire maintenant sous tension, environ 75% de nos 344 sources de préoccupation ont été retirées! »

Gregory L. Robinson, directeur de programme du JWST au siège de la NASA



Ce déploiement et la tension de l’écran ont impliqué 139 des 178 mécanismes de déverrouillage de l’observatoire, 70 charnières, huit moteurs de déploiement, environ 400 poulies et 90 câbles individuels d’une longueur totale d’environ 400 mètres.

L’équipe avait interrompu les opérations de déploiement pendant presque deux jours pour travailler à l’optimisation des systèmes d’alimentation et des moteurs de tension du télescope, ainsi que des températures auxquelles étaient soumis ces éléments, afin de s’assurer que l’observatoire était en parfait état avant de commencer les travaux majeurs de tension de l’écran solaire (voir sur le site).

Nous restons en haleine maintenant, pour vivre le déploiement du miroir secondaire (qui devrait commencer très prochainement), puis des ailes du miroir primaire.
Le plus grand et le plus complexe observatoire de l’histoire spatiale a encore un peu plus de 5 mois pour arriver, totalement déployé, à son orbite autour du point de Lagrange L2. Commencera alors la recette en vol qui permettra d’ajuster l’alignement des miroirs, s’assurer de la qualité optique du télescope et finalement vérifier le bon fonctionnement des instruments.

Après ça, le James Webb Space Telescope livrera ses premières images, sources de nos premières grandes prochaines découvertes… Soyons patients!